En quête de l’écosystème idéal

Depuis six mois, le gouvernement multiplie les annonces dans le champ de la santé. Prévention, accès aux soins, pertinence des actes… à ces thématiques classiques s’ajouteun leitmotiv : créer un écosystème favorable à la formidable vague d’innovations qui bouscule l’ensemble des acteurs et va transformer en profondeur le secteurde la santé.

Une innovation protéiforme

A la fois thérapeutique, technologique, numérique et organisationnelle. Des médicaments très prometteurs, notamment en oncologie, arrivent sur le marché. L’avènement de l’esanté se concrétise, avec la multiplication des applis et objets connectés et l’essor de la télémédecine, en partie sortie du cadre expérimental. Au-delà, des évolutions technologiques majeures se déploient, par exemple dans l’imagerie médicale, ou encore en chirurgie, de plus en plus robotisée et miniaturisée. Enfin, il faut évoquer, bien sûr, l’immense potentiel de l’intelligence artificielle, dont le récent rapport du député Cédric Villani faisait de la santé l’un des premiers champs d’application.

Adapter le système de santé

La France est-elle prête à relever le défi, dans un contexte de compétition internationale exacerbée ? Force est de constater que le système de santé est mal adapté aux nouveaux enjeux de l’innovation. Organisé en silos, figé dans des modalités de financement archaïques, handicapé par une réglementation tatillonne qui ralentit l’accès au marché, il ne favorise pas le travail d’équipe, la continuité des parcours de soins, la prime à la qualité ou encore l’évaluation « en vie réelle » des nouveaux traitements. Or, c’est sur ces changements qu’il faut investir, et en particulier en incitant les professionnels à s’organiser collectivement et de façon autonome. Le gouvernement a donc fait voter un article, dans la loi de financement de la Sécurité sociale, qui accorde aux acteurs de terrain le droit de déroger aux règles tarifaires pour concevoir leurs propres organisations. En matière d’innovation organisationnelle, certains n’ont pas attendu le feu vert de l’Etat, comme le Pr Patrick Pessaux, directeur médical adjoint de l’IHU de Strasbourg. « Nous testons actuellement un dispositif de diagnostic foie-pancréas en un jour, contre trois à quatre semaines auparavant, ainsi qu’un programme de chirurgie ambulatoire pour le côlon, indique-t-il. D’ores et déjà, cette organisation nous permet d’être plus efficients tout en favorisant l’adhésion des patients aux traitements proposés. »

 

Pierre Mongis


Papier d’ouverture extrait du dossier du dossier Grand Angle – Spécial Innovation Santé, réalisé par CommEdition, paru dans Le Monde daté du 26 janvier 2019